L'abréviation LMC signifie leucémie myéloïde chronique. Dans la leucémie, il y a généralement un nombre excessif de globules blancs.1 Dans la LMC, il y a souvent une production excessive de granulocytes («3» dans la Figure 1) qui n'arrivent plus complètement à maturité et suppriment la production d'autres cellules sanguines.2 La LMC se caractérise par une altération non héréditaire du patrimoine génétique des cellules souches hématopoïétiques et par une augmentation du nombre de globules blancs.3 Il existe trois phases distinctes de la LMC, caractérisées par une proportion croissante de cellules sanguines immatures dans la circulation sanguine: la phase chronique (PC), la phase accélérée (PA) avec 10-20 % de cellules sanguines immatures et la crise blastique (CBa) avec > 20 % de cellules sanguines immatures.1 En l'absence d'intervention thérapeutique, la LMC évolue généralement de la PC vers la CB après environ 5 ans, et ce, souvent par le biais de la PA (Figure 1).
Figure 1 : durée moyenne des phases de la LMC
Figure 2 : processus d'hématopoïèse dans la LMC
1: La moelle osseuse hématopoïétique se trouve principalement dans les os longs tubulaires et l'os pelvien.
2: Les différents types de cellules sanguines se développent à partir de cellules progénitrices, qui se différencient à partir d'une cellule souche commune à tous. 3: Dans la LMC, il y a une production excessive de certaines cellules sanguines, par exemple les granulocytes et leurs cellules progénitrices, ce qui peut affecter la production d'autres types de cellules sanguines
a crise blastique
Dans presque tous les cas, il existe une translocation chromosomique entre les chromosomes 9 et 22. Cette translocation se produit entre le gène ABL sur le chromosome
9 et le gène BCRb sur le chromosome 22. Le chromosome de fusion portant le gène de fusion BCR-ABL est appelé «chromosome Philadelphie». Il code la tyrosine kinase BCR-ABL (Figure 3). Contrairement à la tyrosine kinase ABL, la protéine de fusion BCR-ABL est active de manière constitutive et elle entraîne une signalisation constante de la prolifération cellulaire, ce qui entraîne une division cellulaire incontrôlée.1 En Suisse, environ
120 personnes reçoivent un diagnostic de LMC chaque année, principalement chez des adultes âgés de 55 à 65 ans.1
Figure 3 : Translocation chromosomique dans la LMC
b région BCR (breakpoint cluster region)
La LMC est souvent diagnostiquée par hasard sur la base d'une numération sanguine. Les patients symptomatiques présentent souvent des symptômes tels qu’une fatigue, une faiblesse, une perte d'appétit, une perte de poids, des douleurs osseuses ou une gêne dans la partie supérieure de l'abdomen avec splénomégalie.4
Signes possibles de LMC |
Causes probables |
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Anémie2 |
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Trouble de la coagulation sanguine2 |
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Hypertrophie de la rate et/ou du foie2 |
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Symptômes concomitants de cancer2 |
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Taux élevé d'acide urique |
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Augmentation des taux d'histamine en raison de la basophilie |
Tableau 1 : symptômes de la LMC (d'après 2)
En raison des symptômes ambigus à l'anamnèse, un diagnostic de LMC ne peut être posé que sur la base d'une analyse de sang et d'un examen de la moelle osseuse.
Investigations |
Observations |
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Antécédents médicaux |
abattement, faiblesse, perte d'appétit, perte de poids, douleurs osseuses ou gêne dans la partie supérieure de l'abdomen avec splénomégalie |
Examen physique |
Taille de la rate et du foie |
Analyse de sang |
Leucocytes avec formule leucocytaire, plaquettes, hémoglobine, hématocrite |
Sang périphérique |
PCR multiplex pour les produits de transcription de BCR-ABL-1 |
Ponction de moelle osseuse |
Cytologie (blastes, basophiles, morphologie des mégacaryocytes, décalage continu vers la gauche), cytogénétique (analyse des métaphases) |
Biopsie de moelle osseuse |
Fibrose, nombre et répartition des blastes |
Tableau 2 : Diagnostic en cas de suspicion de LMC (d'après 4)
La LMC peut être traitée par une greffe de cellules souches allogéniques, l'interféron alpha recombinant ou les inhibiteurs de tyrosine kinase (TKI), ces derniers étant la modalité de traitement la plus importante. Le traitement de la LMC par un TKI comprend plusieurs jalons qui doivent être atteints après un certain temps (Figure 3). Avec certains TKI, l'arrêt du traitement peut être envisagé en cas de réponse moléculaire profonde et durable.
Jalons |
Échec |
Attention |
Réponse optimale |
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Diagnostic |
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Risque élevé; aberrations cytogénétiques supplémentaires; caryotype aberrant complexe |
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3 mois |
Pas de RHC Ph > 95 % |
Ph 36 %-95 % BCR-ABL >10% |
Ph < 35 % BCR-ABL < 10 % |
6 mois |
Ph >35 % BCR-ABL >10 % |
Ph 1 %-65 % BCR-ABL 1 %-10 % |
Ph 0% BCR-ABL < 1 % |
12 mois |
Ph > 1 % BCR-ABL >1 % |
BCR-ABL 0,1 %-1 % |
BCR-ABL < 0,1 % (RMM) |
> 18 mois |
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BCR-ABL 0,1 %-1 % |
BCR-ABL < 0,01 % (RM4,0) |
A tout moment |
Rechute, perte de la RMM |
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Tableau 3 : Étapes du traitement de la LMC avec un TKI (d'après 2)
RHC : réponse hématologique complète; RMM: réponse moléculaire majeure; RM: réponse moléculaire
- Hehlmann R et al. Chronic myeloid leukaemia. Lancet. Elsevier; 2007 p. 342–50
- Hochhaus A et al. Chronic myeloid leukaemia: ESMO Clinical Practice Guidelines for diagnosis, treatment and follow-up. ESMO Updated Clinical Practice Guidelines. 2017; 28: iv41–51.
- Hungerford DA et al. A minute chromsome in human chronic granulocytic leukemia. Science. 1960; 132(3438): 1488–501.
- Chronische Myeloische Leukämie (CML). Onkopedia. https://www.onkopedia.com/de/onkopedia/guidelines/chronische-myeloische-... visite le: 28.06.2021.